Je note une foule de choses.
Je me liste. Je regarde ma vie filer avec désolation. Un bolide rouge feu incontrôlable.
Je ne veux rien prévoir ce matin. La journée ira comme elle veut. Je m’en fiche.
Je suis invitée ce soir. Je n’ai pas dit non. Juste parce que je vais manger un vrai repas, et me changer les idées. Mais aussi parce que cela implique que je pense à moi égoïstement.
Sortir pour aller voir des gens implique qu’il faut que je pense à moi. M’oblige à prendre vraiment soin de moi.
Choisir des vêtements en fonction de mes envies et non pas en fonction des strates qui s’accumulent dans une pile. Ça m’oblige à me regarder dans la glace. Ça m’oblige à être belle de l’intérieur, à rompre les cercles vicieux d’un bolide parti en tête à queue.
J’imagine un bain, un temps donné aux sels de bains, à l’odeur de l’huile de palme, à une rêverie à fleur d’eau.
J’imagine des caresses à grands coups de crème hydratante
sur mes craquelures internes. Ma peau semble aussi sèche que moi. Extra dry. J’imagine
un soin des pieds, des mains, de ma gueule, de mes sourires, un soin pour le désir
d’être. Prendre soin de mon image dans mes réflexions. M’obliger à prendre soin
de mon paraître. Bien dans ma peau, à ma place?