Beaux et heureux

Cette douleur aigue dans le dos, me donne la rage. Elle me rappelle Monsieur Bleu marine. J’ai envie de lui écrire une lettre furieuse. Quel jeu a-t-il joué avec moi ? Divorcé depuis dix mois il n’avait pas eu de relation depuis disait-il. Nous nous sommes donné rendez-vous à mi-chemin entre lui et moi pour un weekend. Nous avions conversé longtemps avant de fixer ce rendez-vous. Matin midi et soir nous échangions des textos et parfois des sextos. Chaque jour il m’appelait pour parler longtemps. De tout et de rien. Nous nous attendions à chaque instant et cette rencontre était une promesse que lui et moi avions à cœur de tenir. Nous voir enfin. Nous délaissions le site de rencontre qui nous avait fait trébucher l’un sur l’autre. Nous étions comblés par ce que la vie nous apportait. Nous avions la tendresse si convoitée en nous, ne restait plus qu’à se toucher. Se toucher pour en vérifier la tenue de route de cette tendresse. Parce que, c’est comme un bolide que l’on a dans les mains. Un truc qui fait monter l’adrénaline et la fierté. On est beau au volant d’une tendresse rouge carmin. Putain qu’on est beaux ! Beaux et heureux.

Rendez-vous donné, rendez-vous pris, rendez-vous honoré. On s’est d’abord perdu avant de se trouver mais enfin nous nous sommes touchés. Pour dire vrai je l’ai touché. Prunch. Le gout de l’embarras sur les lèvres nous sommes allés manger et poser notre timidité autour d’une table, il était midi. Midi. C’était l’heure de nos démons. Sur la table nos mains étaient fort joliment embarrassées, plus haut nos regards étaient au plus brillant et plus bas nos jambes en trépignaient. Nous ne nous étions pas trompés et il n’y avait pas eu tromperie sur la marchandise non plus. Quel beau mec. Oui, moi aussi, j’étais belle, après un mois de compliments c’était facile. Nous étions donc beaux et heureux. Face à face.