Stoppée net.
C’est comme ça. Ça arrive toujours quand ce n’est pas possible. Quand ce n’est pas dans les projets. Quand ce n’est pas dans le planning. Quand c’est hors de question.
Quand tu conduis ton bolide fou et que tu es déjà occupé à tenir une trajectoire dans l’urgence.
Paf. un mur.
Dessus y’a écrit grippe. En toutes lettres. Un Putain de tag.
C’est comme au monopoly quand tu tires la mauvaise carte. Vous allez tout droit au lit, vous ne passez pas par la case départ…
Voilà. J’ai les muscles qui ont rapetissé dans la nuit. Les bronches qui luttent contre la noyade. Des picadors acharnés dans la tête. Et le sang qui bout. No way. Impasse.
Chaque frisson s’annonce. Sur la peau quelques picotements
concentrés en un point précis. Je ne les ai pas compté. Et puis sur la peau
leurs longues galopades. C’est bien sur la peau qu’ils courent, pas dessous. Et
cette peau semble sèche. Sèche. Craquelée de fièvre.
Les frissons s’enchaînent. Quand un n’a pas fini de galoper d’autres prennent
le départ. Je me sens rongée, grignotée par la peau. Ça veut s’infiltrer. À cet
instant je souhaite être impénétrable. Je me concentre sur une imperméabilité improbable.
Je compte les picotements annonciateurs.
Rationaliser. Synthétiser. Analyser. Organiser. Lutter.
Je me donne un jour pour nager dans mon lit. 24h. 1440 minutes. Je m’autorise. 86400 frissons. Et 259200 picotements. No more.