Monsieur Bleu marine
Il me manque. Pour dire vrai, je crois que ce n’est pas lui qui me manque. Mais plutôt ce qu’il m’a apporté. C’est dingue de dire ça !
Non c’est lui qui me manque. J’ai aimé ses mains, son drôle de nonsourire, son regard attentionné, ses manies, sa façon de chanter sur des chansons débiles, son air coquin mélangé aux gestes tendres, sa galanterie, son cul, son allure, sa démarche décidée, et puis aussi tout son corps en vie. Sa façon d’allumer une clope, d’accrocher les cadres très haut sur le mur, sa coquetterie, sa façon d’étaler son soin hydratant, sa façon de boire au goulot, ses caresses, son insolence parfois, sa voix, sa barbe naissante poivre et sel qui pique, sa gentillesse, sa façon de me dire qu’il n’a pas mis de culotte, sa façon de dire oui, sa façon de dormir, sa façon de dire bonjour, ses envies incongrues, sa façon de chercher sa voiture dans un parking, sa liste de choses à faire, son addiction aux chaussures, sa jouissance, son crane rasé, son horreur des poils et sa connaissance parfaite des modes d’épilation, sa façon de ne pas répondre à la question « à quoi tu penses ». J’ai aimé vraiment beaucoup de choses chez lui. Et c’est drôle de ne pas me souvenir de ce que je n’ai pas aimé. Alors oui c’est bien lui tout entier qui me manque, et ce n’est pas douloureux. Ce qui fait mal serait plutôt de n’avoir pas vécu tout ce qu’il aurait été possible de vivre. Faire le deuil de quelque chose que l’on ne connaît pas… ce constat est presque fou. Ce n’est pas le manque qui fait mal ?